lundi 28 décembre 2015

Intangible héritage, tome 2


J'avais déjà mentionné, pas plus tard que là en cliquant ici, un instrument de musique classé au Patrimoine Oral et Immatériel de l'Humanité par l'Unesco. Il s'agissait alors du duduk et de son répertoire. La flûte mongole Tsuur est le second instrument présent, ainsi que son répertoire, sur la liste de sauvegarde urgente au Patrimoine de Lunesco.

Présentations!






La flûte Tsuur fait partie de la famille des flûtes obliques. J'avais renseigné dans l'article consacré à cette famille, rappelle-toi, les origines perses de la grande majorité des instruments qui la composent. Or il faudra que celui d'entre toi qui s'en sent capable, chers lecteurs, m'explique le lien entre ces deux instruments. Route de la soie? Pas impossible, c'est une théorie à explorer.
Car au delà de l'organologie similaire - un simple tuyau dont une extrémité présente un biseau interne - il y a cette prise en bouche qui est en tous points semblable : au lieu d'être posée contre les lèvres comme les autres flûtes de la famille, les flûtes perses et mongoles se tiennent contre les incisives du dessus, la langue dirigeant l'air vers le bord biseauté de l'embouchure.
F223 - Tsuur - Cane de rhubarbe - 600mm

Ney à gauche, tsuur à droite (Ph : www.youtube.com)















Les similitudes s’arrêtent là : si le ney est un instrument chromatique, la flûte tsuur est quant à elle harmonique. C'est à dire que pour chacun des trois trous de jeu, plusieurs notes harmoniques peuvent être produites par la variation de l'intensité du souffle du musicien, quatre à cinq notes en fonction de la richesse harmonique de la flûte.

Ce qui fait ensuite la particularité unique de cet instrument et de son répertoire, c'est que le musicien chante en même temps qu'il souffle dans sa flûte selon la technique du chant guttural diphonique typique de la culture mongole, offrant ainsi un bourdon accompagnant la mélodie.


Ph. : http://www.unesco.org


S'il en existe des exemplaires en bois tourné, la flûte tsuur est traditionnellement fabriquée dans une tige florale d'apiacées (anciennement appelées ombellifères) telle la Berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum) ou dans la tige de plantes de la famille des polygonacées comme la renouée du Japon (Fallopia japonica), les deux plantes dépassant les deux mètres de hauteur, ou... la rhubarbe (Rheum rhabarbarum). L'exemplaire que je possède a été fabriqué en France par Sam MOUROT dans une tige de rhubarbe.

Renouée du Japon (printemps à gauche, hiver à droite)

Berce du Caucase


Et de cette acquisition me vient l'idée de ce projet : Puisque nous avons (bien malgré nous) des massifs de berces du Caucase et de renouées du Japon dans ma forêt bruxelloise, j'ai à ma disposition la matière première pour tenter de reproduire la flûte que je possède. Et comme la berce est particulièrement dangereuse - la sève provoque au contact de la peau des lésion photosensibles infligeant de sévères brûlures au soleil - je me suis réservé quelques belles tiges de renouée du Japon.




La suite de l'épisode l'année prochaine !


Sources:

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