samedi 15 avril 2023

Le Grand Bal de l'Europe, ENFIN!

Et enfin, la publication de cet article laissé en chantier depuis septembre...

Ceux d'entre toi qui me connaissent depuis longtemps le savez : je ne suis pas danseur.
Ceux d'entre toi qui m'ont rencontré l'été dernier à Gennetines me l'avez dit : "Tu n'étais pas danseur!"

Tant il est vrai qu'il y a un avant et un après l'été 2017 où, suite à un de ces aléas de la vie, il m'avait fallu revoir mes projets de vacances. J'avais alors été accueilli chez mes amis Phil et Cath, dans les Corbières. À Lagrasse, plus précisément, dans l'Aude (là...).
"Tu verras, tu arriveras juste à temps pour les Ptibals" m'avaient-ils dit...

Et c'est là oui - là et à ce moment-là - que mes pieds ont eu la surprise de leur vie : il en aura fallu à Cath de la pugnacité - et même un soupçon de fermeté - pour que je mette les pieds sur ce parquet. Mais ces mêmes pieds ensuite étaient indécollables!



Les Ptibals de Lagrasse, festival de quatre jours, des ateliers l'après-midi pour apprendre les danses, des concerts en fin de journée jusqu'en milieu de nuit et, pour ceux qui tiennent encore sur leurs jambes - ou qui dorment le jour - les bœufs jusqu'à plus d'heures. Juges-en par toi-même sur le programme de l'ultime édition de 2019!

   


Un univers s'ouvrait devant mes pas. Les musiques, je les connaissais : j'en écoutais déjà beaucoup depuis longtemps, j'en jouais pas mal aux flûtes, quelques unes à la clarinette - en tout cas les musiques bretonnes et les musiques de la mouvance dite "celtique", bref des musiques traditionnelles françaises, irlandaises, écossaises ou flamandes - mais voilà que je les dansais!!

J'aurai davantage dansé durant ces quelques jours que durant toute ma vie auparavant!

Andros, hanter dros, scottishs, mazurkas, valses, polkas, branles de Noirmoutier, gavotes de l'Aven, bourrées 2 temps, 3 temps et auvergnates, rondeaux en cercles ou en chaînes, cercles circassiens, chapelloises et combien d'autres encore? Des polskas aux tarentelles, des danses de couples ou des danses de groupes, en cercle ou en lignes, de l'Irlande à la Sicile, du Portugal à la Suède, nous dansions l'après-midi et le soir, jusque tard, et puis à la maison encore le matin. Je découvrais un monde en mouvement, et cette énergie incomparable, rarement croisée ailleurs : collective et souriante!

Et enfin, puisque les bals sont animés par des musiciens, voir ces musiques jouées sur leurs instruments incroyables! Des flûtes et des cornemuses de tous types, les vielles à roues venant se joindre aux violons, accordéons diatoniques et guitares. Le virus s'inoculait lentement, deux jours plus tard, nous redansions à un bal dans un village voisin, occasion de voir en vrai le.la nickelharpa, ce magnifique instrument suédois sur lequel je m'étendrai certainement dans un prochain article.


Le virus s'inoculait d'autant plus sûrement que, dans le même temps, sortait dans les salles "Le Grand Bal" de Laetitia Carton, film documentaire sur le Grand Bal de l'Europe, présenté au Festival de Cannes.

   
 Le Grand Bal : bande annonce et interview de Laetitia Carton


Cependant, de retour à Bruxelles et malgré l'existence d'un calendrier de bals-concerts dense (jeu de mots pourri, certes, mais assumé, tu me connais!), ce n'est que là-bas, aux P'tits Bals de Lagrasse fin août, que je suis retourné danser les deux années suivantes.

Ensuite il y a eu le.la.lalère Covid, où tout (ou presque) s'est arrêté...

Et enfin, c'est au printemps suivant, lors de la venue de Phil et Cath à Bruxelles, que le virus - celui de la danse - s'est remanifesté : de la queimada à Saint-Gilles (Bruxelles) au bal à Oli (Namur), mes pieds se sont remis à danser! C'est là qu'il a été décidé, une fois pour toutes, que j'irais à Gennetines vivre ce Grand Bal!

Le Grand Bal de l'Europe, Gennetines.

Gennetines, ce n'est pas un festival à proprement parler, il n'y a pas d'affichage publique annonçant l'événement : c'est une rencontre organisée par et pour les membres d'une association, l'Association Européenne des Amis des Danses Traditionnelles. Rencontre qui a tout de même rassemblé l'été dernier jusqu'à 2000 personnes par jour, pendant... DEUX SEMAINES!

Ces rencontres proposent des ateliers pour apprendre ou progresser dans les différentes danses, des ateliers pour s'initier ou progresser dans la pratique instrumentale (accordéon diatonique, violon, harmonica diatonique...), des expositions ou des conférences, et ensuite des concerts dansants suivi des incontournables bœufs, jusqu'au bout de la nuit, le petit matin, et puis ça repart!

Atelier de bourrées

Ce que j'ai découvert là dépasse tout ce que j'imaginais, tout en confirmant ce que j'avais pu entrevoir dans le film documentaire : un événement festif sans accrocs (ou en tous cas les accros qui se présentent se règlent), où entraide, partage et bienveillance dominent, où tout, depuis le montage du site et l'aménagement du camping, la vente des bracelets et le contrôle de ceux-ci à l'entrée, jusqu'au nettoyage des sanitaires et la gestion des déchets en passant par la cuisine, l'organisation du réfectoire et de la buvette, tout est assuré par les membres bénévoles de l'association.

Pendant que les uns dansent ou se prélassent au soleil, d'autres font la file pour manger


Ce Grand Bal, c'est définitivement un événement transgénérationnel qui voit disparaitre les différences de classes et émerger une incroyable liberté d'expression, que celle-ci soit verbale, vestimentaire ou de genres. Il suffit de voir cette merveilleuse gavotte de l'Aven pour s'en rendre compte :

 

Au passage, tu me reconnaitras en moins d'une minute quelque part...

Je le disais plus haut, ces rencontres autour de la danse m'offrent aussi la joie de côtoyer de merveilleux instruments qui accompagnent mes rêves depuis l'enfance. J'y reviendrai - je le redis - dans un prochain article pour deux d'entre eux qui semblent d'improbables cousins : le.la nickelharpa et la vielle à roue (ci-dessous de gauche à droite).



La vielle à roue, justement, puisque Montluçon et son MUPOP (musée des Musiques Populaires) sont tout proches de Gennetines, j'ai pu en voir des variétés folles au sein des collections du musée. Là encore, je t'ai promis que je rédigerai prochainement un article sur ce musée.

Mais au delà du plaisir de contempler ces instruments, j'ai pu goûter aux bonheurs de les accompagner aux flûtes ou à la clarinette! Car Gennetines est aussi l'occasion de partages entre musiciens (ou joueurs de musiques, pour ce qui me concerne). Entre les moments de détentes sur les pelouses ou durant les deux bœufs organisés de jour ou ceux qui s'improvisent la nuit, ou lors d'un atelier d'initiation à l'harmonica diatonique, les occasions ne m'ont pas manqué de faire de la musique! J'ai eu la plaisir de partager des instants musicaux avec de nombreux petits groupes éphémères :
Lors de moments improvisés entre les ateliers et les bals, entre le repas de midi et la sieste...



Et lors des bœufs organisés de jour ou improvisés de nuit

   
  



A mes pieds, les quelques instruments que j'avais emportés dans ma besace : quatre tessitures de flûtes à bec, mon low wistle et ma clarinette, rejoints par un harmonica diatonique acheté sur place lors de ma participation à un atelier d'initiation.

Je tiens à remercier mes amis Phil et Kat, bien sûr, pour m'avoir mis les pieds sur les planchers, mais surtout - surtout! - Bernard Coclet et Sabine pour la création de cet événement, ainsi que l'ensemble des bénévoles sans qui rien ne tiendrait. Des remerciements sont de bon aloi pour les musiciens avec qui j'ai pu jouer.
Je ne retrouverai sans doute pas ce petit monde cette année suite à une opération récente de l'épaule, mais je ne raterai pas l'édition 2024!

Quant à toi, tu trouveras sans doute de quoi te donner envie de danser en cliquant sur le titre, en regardant le film Le Grand Bal de Laetitia Carton, ou en visionnant les vidéos prises par Bernard lors de l'édition 2022.

A bientôt pour les articles promis!