"Tu verras, tu arriveras juste à temps pour les Ptibals" m'avaient-ils dit...
Et c'est là oui - là et à ce moment-là - que mes pieds ont eu la surprise de leur vie : il en aura fallu à Cath de la pugnacité - et même un soupçon de fermeté - pour que je mette les pieds sur ce parquet. Mais ces mêmes pieds ensuite étaient indécollables!
Les Ptibals de Lagrasse, festival de quatre jours, des ateliers l'après-midi pour apprendre les danses, des concerts en fin de journée jusqu'en milieu de nuit et, pour ceux qui tiennent encore sur leurs jambes - ou qui dorment le jour - les bœufs jusqu'à plus d'heures. Juges-en par toi-même sur le programme de l'ultime édition de 2019!
Un univers s'ouvrait devant mes pas. Les musiques, je les connaissais : j'en écoutais déjà beaucoup depuis longtemps, j'en jouais pas mal aux flûtes, quelques unes à la clarinette - en tout cas les musiques bretonnes et les musiques de la mouvance dite "celtique", bref des musiques traditionnelles françaises, irlandaises, écossaises ou flamandes - mais voilà que je les dansais!!
J'aurai davantage dansé durant ces quelques jours que durant toute ma vie auparavant!
Andros, hanter dros, scottishs, mazurkas, valses, polkas, branles de Noirmoutier, gavotes de l'Aven, bourrées 2 temps, 3 temps et auvergnates, rondeaux en cercles ou en chaînes, cercles circassiens, chapelloises et combien d'autres encore? Des polskas aux tarentelles, des danses de couples ou des danses de groupes, en cercle ou en lignes, de l'Irlande à la Sicile, du Portugal à la Suède, nous dansions l'après-midi et le soir, jusque tard, et puis à la maison encore le matin. Je découvrais un monde en mouvement, et cette énergie incomparable, rarement croisée ailleurs : collective et souriante!
Le virus s'inoculait d'autant plus sûrement que, dans le même temps, sortait dans les salles "Le Grand Bal" de Laetitia Carton, film documentaire sur le Grand Bal de l'Europe, présenté au Festival de Cannes.
Cependant, de retour à Bruxelles et malgré l'existence d'un calendrier de bals-concerts dense (jeu de mots pourri, certes, mais assumé, tu me connais!), ce n'est que là-bas, aux P'tits Bals de Lagrasse fin août, que je suis retourné danser les deux années suivantes.
Ensuite il y a eu le.la.lalère Covid, où tout (ou presque) s'est arrêté...
Et enfin, c'est au printemps suivant, lors de la venue de Phil et Cath à Bruxelles, que le virus - celui de la danse - s'est remanifesté : de la queimada à Saint-Gilles (Bruxelles) au bal à Oli (Namur), mes pieds se sont remis à danser! C'est là qu'il a été décidé, une fois pour toutes, que j'irais à Gennetines vivre ce Grand Bal!
Le Grand Bal de l'Europe, Gennetines.
Gennetines, ce n'est pas un festival à proprement parler, il n'y a pas d'affichage publique annonçant l'événement : c'est une rencontre organisée par et pour les membres d'une association, l'Association Européenne des Amis des Danses Traditionnelles. Rencontre qui a tout de même rassemblé l'été dernier jusqu'à 2000 personnes par jour, pendant... DEUX SEMAINES!
Ces rencontres proposent des ateliers pour apprendre ou progresser dans les différentes danses, des ateliers pour s'initier ou progresser dans la pratique instrumentale (accordéon diatonique, violon, harmonica diatonique...), des expositions ou des conférences, et ensuite des concerts dansants suivi des incontournables bœufs, jusqu'au bout de la nuit, le petit matin, et puis ça repart!
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Atelier de bourrées |
Ce que j'ai découvert là dépasse tout ce que j'imaginais, tout en confirmant ce que j'avais pu entrevoir dans le film documentaire : un événement festif sans accrocs (ou en tous cas les accros qui se présentent se règlent), où entraide, partage et bienveillance dominent, où tout, depuis le montage du site et l'aménagement du camping, la vente des bracelets et le contrôle de ceux-ci à l'entrée, jusqu'au nettoyage des sanitaires et la gestion des déchets en passant par la cuisine, l'organisation du réfectoire et de la buvette, tout est assuré par les membres bénévoles de l'association.
Ce Grand Bal, c'est définitivement un événement transgénérationnel qui voit disparaitre les différences de classes et émerger une incroyable liberté d'expression, que celle-ci soit verbale, vestimentaire ou de genres. Il suffit de voir cette merveilleuse gavotte de l'Aven pour s'en rendre compte :
Je le disais plus haut, ces rencontres autour de la danse m'offrent aussi la joie de côtoyer de merveilleux instruments qui accompagnent mes rêves depuis l'enfance. J'y reviendrai - je le redis - dans un prochain article pour deux d'entre eux qui semblent d'improbables cousins : le.la nickelharpa et la vielle à roue (ci-dessous de gauche à droite).

A mes pieds, les quelques instruments que j'avais emportés dans ma besace : quatre tessitures de flûtes à bec, mon low wistle et ma clarinette, rejoints par un harmonica diatonique acheté sur place lors de ma participation à un atelier d'initiation.