Pour ceux d'entre toi qui ne connaissent pas la Zinneke Parade, une petite présentation s'impose.
Un zinneke, c'est quoi?
Bruxelles est traversée par la Senne, dont un des affluents est la Petite Senne, de Zinneke en Brusseleir - le patois bruxellois. Il est dit, dans la petite histoire de ma capitale à nous, qu'on y noyait les chiens sans race qui abondaient il y a quelques siècles, dit-on, lorsqu'ils servaient à chasser les rats dans les ruelles des quartiers de nombreux chenaux autour desquels étaient installées de nombreuses tanneries. De là a-t-on désigné ces bâtards par le terme zinneke, et - par extension - ce nom est aujourd'hui utilisé, sans caractère péjoratif pourtant (au contraire, même), pour désigner les habitants situées aux carrefours de plusieurs pays, de plusieurs cultures.
Et Bruxelles est typiquement de cette catégorie : au carrefour de tant de cultures que - pour peu qu'on y soit sensible - on en attraperait un délicieux vertige.
Voilà ce que fête la Zinneke Parade : la typicité multiculturelle de Bruxelles et ses habitants de multiples langues, de multiples couleurs, de multiples saveurs et d'autant de musiques, de costumes et de danses. Un cortège festif, coloré, bruyant et dansant, faisant forte démonstration du caractère surréaliste et fantaisiste, et de la zwanze indépassable des Brusseleirs!
Ce qu'il y a de beau et d'irremplaçable, c'est que cette fête est construite par les Bruxellois, pour les Bruxellois, avec les Bruxellois, qu'elle est transculturelle fatalement, mais aussi transgénérationnelle : le principe étant de rassembler des habitants de quartiers, élèves d'école, membres d'associations, etc autour d'un projet artistique commun. Chaque comité ainsi créé - appelé zinnode - monte son projet, crée ses costumes, éventuellement ses chars, sa scénographie.,Le défilé rassemble plus d'un millier de participants, et plusieurs dizaines de milliers de spectateurs!
Fils de deux capitales et de deux religions, de deux cultures donc, m'identifiant dès lors à ce statut de zinneke, j'ai eu la chance de pouvoir participer cette année à ma troisième édition de cette fête bisannuelle créée en 2000.
Voici donc l'occasion de partager avec toi ces souvenirs :
Zinneke 2002, Zinnode de Saint-Gilles avec l'orchestre Yiddish Brisl, les répétitions de l'orchestre se faisaient dans les locaux de l'UPJB, et les répétitions d'ensembles, avec les danseurs, acrobates et jongleurs, dans les locaux de l'Espace Catastrophe, à l'époque installé rue de la Glacière. Une générale s'était faite dans la salle des pas perdus de la gare du Midi.
Zinneke 2022 (soit pile 20 ans après ma première participation), zinnode d'Ixelles-Etterbeek, avec un orchestre hybride : Percusson et Vent de Rue, soit une quarantaine de percussions pour trois sax, deux trompettes et une clarinette. Nous répétions entre souffleurs dans les locaux de la Zinneke à Schaerbeek, et avec les percus dans une école d'Etterbeek. La générale se déroulait à Ixelles, dans le quartier Matonge.
La dreamteam "Vents de rue"
(Photos : Zinneke)
Cette édition 2024 aura été, pour moi, la plus belle. L'ambiance des répétitions, la soumonce dans Matonge, les traversées des rues du cœur de Bruxelles, de la place de La Bourse et de la Grand Place, toutes noires et colorées d'un public acquis, c'était un ensemble de grands moments!
Photo de la zinnode Pixelbeek après la soumonce à Ixelles (Photo : Zinneke)
Rassemblement, habillage, maquillage, dernier filage avant la mise en route vers le point de départ
A l'instant où je m'apprête à boucler un article consacré à la Zinneke Parade, grand événement haut en couleur fêtant la diversité culturelle de Bruxelles, voilà que j'apprends, par voie de mail, le décès d'un musicien que j'aurai trop peu côtoyé, mais qui fait partie de ces personnalités qui marquent dès la première rencontre.
Olivier Cap est - était, désormais - accordéoniste et compositeur de musiques d'inspiration
traditionnelle, scottishs, valses, mazurkas, cercles circassiens, etc. Il animait entre autre les "Bals à Oli", à Namur, où je ne serai finalement allé qu'une seule fois. J'ai eu également la chance de le croiser et d'échanger avec lui quelques notes lors de ma première participation au Grand Bal de Gennetines, alors qu'il accompagnait une harpiste, sur les pelouses d'un après-midi de digestion, avant les ateliers de danses et les bals.
Ce que je retiendrai d'Olivier, au delà de son accordéon, c'est sa simple mais pleine générosité humaine et musicale et son sourire, tantôt réservé et discret, tantôt éclatant lorsqu'il était en concerts.
Je ne le connaissais pas vraiment, et je suis bien triste qu'il en sera donc à jamais ainsi...
Avec ceux qui ont pu le connaitre, un peu, beaucoup, à la folie, avec ses proches, je suis en musicamicales pensées.
Et enfin, la publication de cet article laissé en chantier depuis septembre...
Ceux d'entre toi qui me connaissent depuis longtemps le savez : je ne suis pas danseur.
Ceux d'entre toi qui m'ont rencontré l'été dernier à Gennetines me l'avez dit : "Tu n'étais pas danseur!"
Tant il est vrai qu'il y a un avant et un après l'été 2017 où, suite à un de ces aléas de la vie, il m'avait fallu revoir mes projets de vacances. J'avais alors été accueilli chez mes amis Phil et Cath, dans les Corbières. À Lagrasse, plus précisément, dans l'Aude (là...). "Tu verras, tu arriveras juste à temps pour les Ptibals" m'avaient-ils dit...
Et c'est là oui - là et à ce moment-là - que mes pieds ont eu la surprise de leur vie : il en aura fallu à Cath de la pugnacité - et même un soupçon de fermeté - pour que je mette les pieds sur ce parquet. Mais ces mêmes pieds ensuite étaient indécollables!
Les Ptibals de Lagrasse, festival de quatre jours, des ateliers l'après-midi pour apprendre les danses, des concerts en fin de journée jusqu'en milieu de nuit et, pour ceux qui tiennent encore sur leurs jambes - ou qui dorment le jour - les bœufs jusqu'à plus d'heures. Juges-en par toi-même sur le programme de l'ultime édition de 2019!
Un univers s'ouvrait devant mes pas. Les musiques, je les connaissais : j'en écoutais déjà beaucoup depuis longtemps, j'en jouais pas mal aux flûtes, quelques unes à la clarinette - en tout cas les musiques bretonnes et les musiques de la mouvance dite "celtique", bref des musiques traditionnelles françaises, irlandaises, écossaises ou flamandes - mais voilà que je les dansais!!
J'aurai davantage dansé durant ces quelques jours que durant toute ma vie auparavant!
Andros, hanter dros, scottishs, mazurkas, valses, polkas, branles de Noirmoutier, gavotes de l'Aven, bourrées 2 temps, 3 temps et auvergnates, rondeaux en cercles ou en chaînes, cercles circassiens, chapelloises et combien d'autres encore? Des polskas aux tarentelles, des danses de couples ou des danses de groupes, en cercle ou en lignes, de l'Irlande à la Sicile, du Portugal à la Suède, nous dansions l'après-midi et le soir, jusque tard, et puis à la maison encore le matin. Je découvrais un monde en mouvement, et cette énergie incomparable, rarement croisée ailleurs : collective et souriante!
Et enfin, puisque les bals sont animés par des musiciens, voir ces musiques jouées sur leurs instruments incroyables! Des flûtes et des cornemuses de tous types, les vielles à roues venant se joindre aux violons, accordéons diatoniques et guitares. Le virus s'inoculait lentement, deux jours plus tard, nous redansions à un bal dans un village voisin, occasion de voir en vrai le.la nickelharpa, ce magnifique instrument suédois sur lequel je m'étendrai certainement dans un prochain article.
Le virus s'inoculait d'autant plus sûrement que, dans le même temps, sortait dans les salles "Le Grand Bal" de Laetitia Carton, film documentaire sur le Grand Bal de l'Europe, présenté au Festival de Cannes.
Le Grand Bal : bande annonce et interview de Laetitia Carton
Cependant, de retour à Bruxelles et malgré l'existence d'un calendrier de bals-concerts dense (jeu de mots pourri, certes, mais assumé, tu me connais!), ce n'est que là-bas, aux P'tits Bals de Lagrasse fin août, que je suis retourné danser les deux années suivantes.
Ensuite il y a eu le.la.lalère Covid, où tout (ou presque) s'est arrêté...
Et enfin, c'est au printemps suivant, lors de la venue de Phil et Cath à Bruxelles, que le virus - celui de la danse - s'est remanifesté : de la queimada à Saint-Gilles (Bruxelles) au bal à Oli (Namur), mes pieds se sont remis à danser! C'est là qu'il a été décidé, une fois pour toutes, que j'irais à Gennetines vivre ce Grand Bal!
Le Grand Bal de l'Europe, Gennetines.
Gennetines, ce n'est pas un festival à proprement parler, il n'y a pas d'affichage publique annonçant l'événement : c'est une rencontre organisée par et pour les membres d'une association, l'Association Européenne des Amis des Danses Traditionnelles. Rencontre qui a tout de même rassemblé l'été dernier jusqu'à 2000 personnes par jour, pendant... DEUX SEMAINES!
Ces rencontres proposent des ateliers pour apprendre ou progresser dans les différentes danses, des ateliers pour s'initier ou progresser dans la pratique instrumentale (accordéon diatonique, violon, harmonica diatonique...), des expositions ou des conférences, et ensuite des concerts dansants suivi des incontournables bœufs, jusqu'au bout de la nuit, le petit matin, et puis ça repart!
Atelier de bourrées
Ce que j'ai découvert là dépasse tout ce que j'imaginais, tout en confirmant ce que j'avais pu entrevoir dans le film documentaire : un événement festif sans accrocs (ou en tous cas les accros qui se présentent se règlent), où entraide, partage et bienveillance dominent, où tout, depuis le montage du site et l'aménagement du camping, la vente des bracelets et le contrôle de ceux-ci à l'entrée, jusqu'au nettoyage des sanitaires et la gestion des déchets en passant par la cuisine, l'organisation du réfectoire et de la buvette, tout est assuré par les membres bénévoles de l'association.
Pendant que les uns dansent ou se prélassent au soleil, d'autres font la file pour manger
Ce Grand Bal, c'est définitivement un événement transgénérationnel qui voit disparaitre les différences de classes et émerger une incroyable liberté d'expression, que celle-ci soit verbale, vestimentaire ou de genres. Il suffit de voir cette merveilleuse gavotte de l'Aven pour s'en rendre compte :
Au passage, tu me reconnaitras en moins d'une minute quelque part...
Je le disais plus haut, ces rencontres autour de la danse m'offrent aussi la joie de côtoyer de merveilleux instruments qui accompagnent mes rêves depuis l'enfance. J'y reviendrai - je le redis - dans un prochain article pour deux d'entre eux qui semblent d'improbables cousins : le.la nickelharpa et la vielle à roue (ci-dessous de gauche à droite).
La vielle à roue, justement, puisque Montluçon et son MUPOP (musée des Musiques Populaires) sont tout proches de Gennetines, j'ai pu en voir des variétés folles au sein des collections du musée. Là encore, je t'ai promis que je rédigerai prochainement un article sur ce musée.
Mais au delà du plaisir de contempler ces instruments, j'ai pu goûter aux bonheurs de les accompagner aux flûtes ou à la clarinette! Car Gennetines est aussi l'occasion de partages entre musiciens (ou joueurs de musiques, pour ce qui me concerne). Entre les moments de détentes sur les pelouses ou durant les deux bœufs organisés de jour ou ceux qui s'improvisent la nuit, ou lors d'un atelier d'initiation à l'harmonica diatonique, les occasions ne m'ont pas manqué de faire de la musique! J'ai eu la plaisir de partager des instants musicaux avec de nombreux petits groupes éphémères :
Lors de moments improvisés entre les ateliers et les bals, entre le repas de midi et la sieste...
Et lors des bœufs organisés de jour ou improvisés de nuit
A mes pieds, les quelques instruments que j'avais emportés dans ma besace : quatre tessitures de flûtes à bec, mon low wistle et ma clarinette, rejoints par un harmonica diatonique acheté sur place lors de ma participation à un atelier d'initiation.
Je tiens à remercier mes amis Phil et Kat, bien sûr, pour m'avoir mis les pieds sur les planchers, mais surtout - surtout! - Bernard Coclet et Sabine pour la création de cet événement, ainsi que l'ensemble des bénévoles sans qui rien ne tiendrait. Des remerciements sont de bon aloi pour les musiciens avec qui j'ai pu jouer.
Je ne retrouverai sans doute pas ce petit monde cette année suite à une opération récente de l'épaule, mais je ne raterai pas l'édition 2024!
Quant à toi, tu trouveras sans doute de quoi te donner envie de danser en cliquant sur le titre, en regardant le film Le Grand Bal de Laetitia Carton, ou en visionnant les vidéos prises par Bernard lors de l'édition 2022.
Que cette nouvelle année puisse être joyeuse, musicale et dansante!
Je réalise que je n'ai publié aucun article en 2022, je devrais être plus productif en 2023 tant l'année écoulée a été riche : riche en expériences musicales et en voyages, en découvertes instrumentales, et en nouvelles acquisitions. Et cette fois-ci, je m'en suis presque tenu à mes engagements : à l'exception de trois pièces, il ne s'agit que d'instruments à vent, mais tous sont des instruments en état de jeu et - tout de même - dont je suis capable de jouer!
Des expériences musicales, il s'agit notamment de la Saint Hubert sonnée sur le parvis de l'église du Sablon et dans les salons du Cercle Gaulois à Bruxelles mais surtout (surtout!) du Grand bal de l'Europe! Ce dernier fait déjà l'objet d'un article en chantier qui aurait dû être publié plus tôt si j'avais davantage bénéficié de temps et d'énergie positive. Ce sera chose faite très prochainement.
Des voyages, il s'agit surtout de la découverte du Fado à Lisbonne et, accessoirement, de la visite du musée des Musiques Populaires (MUPOP) de Montluçon, que j'ai pu faire en marge du Grand Bal.
Les découvertes instrumentales concernent la guitare portugaise et la nickelharpa, instrument traditionnel suédois que j'avais déjà découvert dans l'Aude il y a quelques années, mais dont j'ai vu et accompagné de nombreux instruments cet été seulement, en Alsace mais surtout au Grand Bal. Ces instruments étaient tous issus de l'atelier de Jean-Claude Condi, luthier français, et certains d'entre eux avaient été construits par leur propriétaire-même lors d'un stage organisé chez ce luthier. Voilà deux articles également en chantier.
Quant aux acquisitions de l'année, ma collection s'est vue enrichie de quinze instruments :
A chacun d'entre-toi, cher lecteur, ainsi qu'à tous tes êtres chers
Je souhaite le meilleurs pour l'année qui se présente
Si 2021 pouvait peut-être être pire
Gageons que 2022 ne pourra qu'être meilleure
2021 n'aura pas apporté beaucoup de nouveaux instruments dans mon petit musée, mais ceux dont j'ai pu faire acquisition sont de qualité, comme ces quelques cordes que j'ai présentées dans l'article ci-dessous consacré aux instruments du Toit du Monde.
Par contre, j'aurai réussi cette année à finaliser un projet dont la réalisation a été entamée en 2020 : la construction de ma bibliothèque rêvée et le réaménagement de ma salle de musique/jeux/lecture/chambre d'amis!
Car...
Ma bibliothèque, qui voyait les bandes dessinées côtoyer les instruments de musique, était située initialement dans le salon et faisait face au canapé. Entre 2007 et 2015, elle a connu quelques modifications au fil des acquisitions, tant en bandes dessinées qu'en instruments de musique.
(Amuse-toi au jeu des sept différences...)
Cependant, la bibliothèque occupant le seul mur disponible, cette configuration plaçait le canapé dos au jardin. Jusqu'au jour où une belle âme m'a suggéré l'idée qu'il était fou - voire stupide - de ne pas profiter de la vue du jardin depuis ce canapé... et donc de me voir proposé de faire mouvement de ce meuble et de son contenu vers la pièce de jeu/musique/chambre d'amis.
Les instruments un peu partout et les BD dans les cartons, là, dans le coin...
C'est donc en août 2020, grâce à mon ami J-L, ébéniste de son état, et avec l'aide de mon amie É que j'ai pu enfin réaménager cet espace : une petite dizaine de journées en atelier, des longues journées de pose de verni (merci É qui a assuré : sans elle je n'y serais pas arrivé)
Voilà. Tu l'auras noté, il y a un grand absent dans la pièce : l'orgue électronique prenant trop de place, j'ai dû me résigner à m'en séparer.
Le Tibet et le Népal, ainsi que l'ensemble de la région, constituent un berceau incroyable de cultures instrumentales et musicales.
Rien qu'au Népal, il existerait plus de cent groupes ethniques ayant leur propre culture, leur propre tradition qui voit la musique accompagner chaque moment de la Vie, de la naissance à la mort. Musique profane ou musiques sacrées, à chaque culture ses traditions et ses rituels. Et ses instruments!
À travers toute la chaîne himalayenne, de nombreux instruments de musique sont présents dans les temples bouddhistes et participent aux rituels : trompes (Gungchen et Radong), cornes en fémur humain (Kangling), conques (Dung dkar), hautbois (Gyaling), tambours , cymbales et cloches...
La musique profane, elle, utilise un éventail incroyable d'instruments à cordes (luth ou vièles), à vents (flûtes, instruments à anches simples ou doubles, trompes et trompettes) et instruments de percussion (guimbardes, tambours et gongs)
Vents
Flûtes :
Source : Google photos
Les sites de voyages au Népal regorgent de photos de paysages montagneux, de villages perchés et de temples. Et tu y vois presque systématiquement une photo de marchands ambulants portant un "arbre de flûtes", cette grande canne portant leur stock de flûtes disposées en épi au sommet de cette canne.
Il me semble bien reconnaître une de mes flûtes Tika sur cette photo. Elle est relativement juste et j'aime le son soufflé qu'elle m'offre.
F134 - Flûte traversière "Tika" - Népal - Bois et métal - 450mm
J'ai trouvé la flûte suivante en brocante. Il s'agit d'une flûte à conduit : elle possède un sifflet taillé dans le bois, comme les flûtes à bec. Cependant, l'embouchure de celle-ci étant latérale, elle se tient à la façon des flûtes traversières. Elle a un son pur et clair, percutant dans les aigus et doux dans les graves.
F231 - Flute à conduit latéral - Népal - Bois - 390mm
Trompes :Les rituels des temples sont rythmés par plusieurs types de trompes :
La trompe en laiton Gungchen peut dépasser les trois mètres. L'instrument que je possède est de taille beaucoup plus modeste. Je lui avais consacré un article à l'époque de son acquisition, c'est par là en cliquant ici.
T3 - Trompe Dungchen - Tibet - Laiton et petites pierres - 1065mm
La conque Dung-dkar, dont le nom est littéralement traduit du tibétain par "coquille blanche", est une trompe taillée dans un coquillage marin qui peut atteindre de grandes dimensions.
T4 - Trompe Dung-dkar - Népal - Fossile - 170mm
Dans la culture tibétaine, elle est l'une des huit représentations du bonheur et symbolise la diffusion de la sagesse et de la connaissance dans la lutte contre l'ignorance. Certaines de ces trompes sont richement sculptées de représentation de dragons ou de motifs floraux, d'autres encore de manifestations d'éléments météorologiques tels que nuages et vents. En effet, on trouve dans la littérature qu'il lui serait attribué - du fait de ses origines marines - un pouvoir magique sur la pluie. Enfin, on trouve beaucoup de ces conques plus richement décorées encore par le recouvrement de l'embouchure et du pavillon par des feuilles d'argent sculptées et incrustées de pierres colorées.
Si l'instrument que je possède est d'une simplicité pure, il ne s'agit cependant pas d'un coquillage mais d'un fossile! Son poids (un peu moins d'un kilo pour un coquillage de dix-sept centimètres de long!) et sa puissante sonorité sont impressionnants.
Cordes
Les deux instruments à cordes que j'ai trouvés (le premier en brocante, le second au marché aux Puces de Bruxelles), sont taillés dans une pièce de bois massif. Ils doivent faire l'objet de petites restaurations, mais je n'ai pas pu résister à la beauté et la qualité de ces pièces.
Les cordophones, sur le toit du monde, se répartissent entre vièles - instruments à cordes frottées, le plus souvent tenue verticalement, posée sur le genou - et les luth - instruments à cordes pincées. Ce sont des instruments de musique populaire ou de musique dite "savante", et ne sont pas présents dans les monastères
Le Sârangi est une vièle qui se joue posée sur le genou du musicien. Instrument népalais dans cette forme, il est également présent dans le Nord de l'Inde, comme le montre la vidéo ci-dessous. En Inde, on trouve d'autres instruments à cordes frottées sous la même dénomination, des instruments plus massifs présentant de nombreuses cordes sympathiques (cordes mises en vibration par la seule vibration des cordes frottées)
Il manque quelques éléments à mon instrument, j'ai le projet de les façonner : une cheville, le chevalet et l'archet. Je devrai également remplacer les cordes et refaire la patine. Il semble que l'utilisation de teinture au brou de noix soit l'option.
Le Sgra Snyan est un luth à cinq cordes. Comme pour le Sârangi, une partie seulement de la caisse de résonance est recouverte de peau. Alors que, chez le Sârangi, l'autre partie est nue, elle est ici couverte par une planchette de bois ajourée. Le cheviller est sculpté en forme de tête de lion. À l'extrémité d'une courte cordelette se trouve une dent utilisée comme médiator.
Je devrai façonner un chevalet plat et, ici aussi, reprendre la patine.
Idiophones
Les guimbardes :
Je m'étalais déjà sur ce terme barbare d'idiophone en te présentant la famille des guimbardes dans un article qui date tout de même de 2008...
La guimbarde la plus courante au Népal est la Murchunga, aussi appelée Morchang. Il est écrit qu'elle était utilisée pour faire la cour...
J'ai eu l'occasion d'en trouver dans plusieurs boutiques, de différentes tailles et tessitures.
Gu11 - Murchunga - Népal - Métal - 110mm
Gu 8 - Murchunga - Népal - Métal - 70mm
Gu 15 - Murchunga - Népal - Métal - 55mm
Gu10 - Dan moï - Népal - Laiton - 105mm
Dans une des boutiques visitées à Bruxelles, j'ai trouvé une guimbarde de même facture que celles les dan-moï vietnamienne : une plaque de laiton dans laquelle est découpée l'anche de la guimbarde.
Le bol chantant :
Le bol chantant, instrument rituel s'il en est, est un objet fascinant! On ne sait pas vraiment comment ni où il est né - on parle d'origines chamaniques mongoles - mais quelques sources mentionnent les échanges entre le Tibet et le Népal qui auraient donné naissance à l'élaboration d'un alliage constitué de sept métaux : or, argent, mercure, cuivre, fer, étain et plomb. À chaque métal sa valeur symbolique : planètes, parties du corps et spiritualité, etc.
P57 - Bol chantant - Tibet - Alliage - Ø 195mm
On le trouve dans toutes les régions himalayennes - Tibet, Népal, Bhoutan, Ladakh, mais également dans le Nord de l'Inde - dans les monastères bouddhistes où il sert de vecteur à la méditation. Il est parvenu en Occident et est utilisé dans une approche similaire dans le yoga, la shiatsu, le qi gong et même la sophrologie ou dans des démarches de sonothérapie, ou enfin dans des rituels plus ou moins chamaniques.
Le bol chantant est une cloche inversée à battant externe. De ce battant - ou mailloche, pour être plus précis (oui: que veux-tu? j'aime la précision) - on frappe le bord du bol pour le faire tinter, ou on le frotte pour le mettre en résonance, pour le faire chanter! Geste technique : ne pas appuyer trop fort, ne pas tourner trop vite, la juste mesure pour atteindre l'harmonie...
Les cymbales :
P16 - Tingsha - Tibet - Bronze et cuir
Les petites cymbales Tingsha sont deux pièces d'alliages de bronze reliées par un lien de cuir. Elles sont utilisées tout comme les bols chantant dans les rituels bouddhistes, mais aussi durant les méditations zen, la pratique du yoga, feng shui, et dans les pratiques de thérapies par le son.
Certaines sources disent que le son des tingshas est une offrande faite aux dieux pour les remercier de leur venue sur Terre et les inciter à rester.
Lorsque elles sont frappées entre elles horizontalement, la vibration sonore aiguë et riche en harmoniques permettrait de se concentrer sur l'onde sonore et faire le vide, pour les meilleurs dispositions à la méditation.
Et d'autres :
L'instrumentarium du Toit du Monde est encore riche de nombreuses percussions : tambours, carillons éoliens, cloches et gongs - je n'en possède pas de cette région géographique - ainsi que de grelots.
J'avais consacré un article sur les cloches et grelots il n'y a pas si longtemps, j'y montrait quelques pièces originaires de la région du Nord de l'Inde et du Népal. Je t’invite à cliquer ici pour aller là.
P26 - Grelot - Népal - Bronze et bois - 70mm
Comme tu auras pu le lire entre les lignes, l'instrumentarium du Toit du Monde est loin d'être représenté de façon exhaustive dans ma collection : quelques instruments à cordes et percu manquent (mais tu me rappelleras que je me suis fait la promesse de ne plus en acquérir de nouveaux...), mais il me manque surtout des vents - les hautbois et les trompes en tibias.